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emmanuelleleonard2

7 raisons pour lesquelles votre enfant tape et comment faire pour qu’il arrête

Éducatrice de jeunes enfants en crèche et animatrice d’ateliers de communication bienveillante pour les parents d’enfants de moins de 6 ans, cette question des gestes violents de l’enfant revient souvent dans le discours de parents inquiets ou à bout, et des professionnels. Et pour cause, c’est une thématique récurrente.


Dans cet article, je vais vous exposer sept raisons pour lesquelles le jeune enfant de moins de 6 ans peut être amené à avoir un comportement violent (pousser, taper, tirer les cheveux… la morsure étant un peu à part). Bien sûr, la liste n’est pas exhaustive, mais elle pourra vous donner quelques éléments de réponse :


1- C’est le développement de l’enfant

Avec l’arrivée des neurosciences affectives et sociales, nous avons davantage de données concernant la maturation du cerveau de l’enfant. En effet, une partie du cerveau, appelée “cerveau archaïque”, commune à tous les animaux, est responsable des comportements réflexes en cas de danger : la fuite, l’immobilisation et le COMBAT. C ‘est ce dernier comportement réflexe qui s’exprime lorsque l’enfant se sent en danger (et/ ou en situation de stress). Et vous n’êtes pas sans savoir que, pour le jeune enfant, tout est synonyme de danger !


Si ce comportement peut s’avérer fréquent dans la petite enfance, c’est simplement parce que cette partie du cerveau est totalement mature vers l’âge de 2-3 ans. Et puisque c’est un comportement REFLEXE, il est difficile pour le jeune enfant d’agir autrement dans une premier temps.


En tant qu’adulte, nous devons nous armer de patience, car cette phase est temporaire. Le reste de son cerveau va continuer de maturer, mais sachez que cela prend du temps… Le cerveau lié au raisonnement et à la réflexion n’est totalement mature que vers 26 ans ! Nous ne pouvons donc pas demander au jeune enfant de raisonner la situation.


Ce que nous pouvons faire : Lui rappeler l’interdit de faire mal est important car, grâce à la répétition, l’enfant va développer des connexions neuronales liées au comportement acceptable. De plus, il faut pouvoir lui expliquer quelles solutions il peut mettre en place en fonction de la situation. Par exemple, un enfant qui lui prend son jouet : “Tu peux crier fort, ou lui exprimer que tu n’es pas d’accord pour qu’il comprenne que tu jouais encore avec ce jeu”. Rappelons nous qu’il faudra beaucoup de temps à l’enfant pour contrôler ce comportement réflexe… ! Armez-vous donc de patience !


2- Il ne sait pas gérer ses émotions


Les neurosciences nous ont également appris que la partie du cerveau, le cerveau dit “émotionnel”, qui regroupe les émotions et qui reçoit les informations du corps permettant de réagir à une situation, n’est mature que vers l’âge de 16-17 ans !!! C’est pourquoi, il est totalement impossible pour un enfant de moins de 6 ans de gérer ses émotions !


(Petite info : dans cette partie du cerveau, une grosse poussée neuronale se produit vers 6-7 ans, ce qui permet à l’enfant de mieux vivre ses émotions… ce qui correspond à l’âge de “latence”)


Une émotion est une réaction physiologique brève liée à un stimulus. Je vais, par exemple, vous parler de la colère. Lorsque nous ressentons cette émotion, le corps “monte en pression”, le rythme cardiaque s’accélère, la respiration devient plus ample et plus rapide, un afflux de sang monte dans le haut du corps ce qui peut expliquer notre visage rouge, et enfin, nos muscles se contractent. En tant qu’adulte, nous savons reconnaître avec l’expérience, la colère. Pour l’enfant, ce n’est pas le cas. Et, en plus de ne pas savoir ce qu’il se passe dans son corps, il ne sait pas la contrôler. Par conséquent, c’est une vraie tempête émotionnelle pour lui, et il SUBIT l’émotion.


Ce que nous pouvons faire : Dans un premier temps, mettre des mots sur ce qu’il ressent, sur l’émotion qu’il est en train de vivre permet déjà d’apaiser les tensions car l’enfant se sentira écouté. Dans un second temps, cela lui permettra d’identifier ce qu’il vit et il pourra, par la suite, plus facilement exprimer son ressenti et mieux vivre la situation. Par ailleurs, il existe des supports externes pour aider l’enfant à mieux vivre ses émotions (tels que des bouteilles de retour au calme, les dessins colère … vous pouvez les trouvez sur internet). Je ne les détaille pas dans cet article, car, à eux-seuls, ils pourraient faire l’objet d’une article ;).


3- Il ne sait pas encore s’exprimer


Cela va de paire avec le fait que l’enfant ne sache pas gérer ses émotions.


En effet, bien qu’à partir d’environ 2 ans 1/2 l’enfant commence à parler, exprimer ses émotions ou ses sentiments est une autre étape et une autre difficulté.


Savons-nous seulement le faire en tant qu’adulte ? L’éducation de nos parents laissait peu de place à l’expression des sentiments car cela relevait de la “faiblesse”. Néanmoins, communiquer sur ses émotions et ses besoins favorise la résolution de conflit et le bien-être de chacun. C’est pourquoi, aujourd’hui, apprendre en tant qu’adulte à exprimer nos émotions encourage l’enfant à faire de même.


Ce que nous pouvons faire : Enrichir notre vocabulaire des émotions, et indirectement celui de l’enfant. Pour cela, nous pouvons par exemple, utiliser un tableau de communication non-violente (CNV) pour mettre des mots sur les ressentis et la situation. Aider l’enfant à formuler ce qu’il vit afin qu’il se sente écouté et pris en compte. Lorsque l’on se sent écouté, les tensions dans le corps s’apaisent, et donc, les actes violents se font plus rares…



4- Il essaie d’entrer en contact avec l’autre


C’est un fait ! Un jeune enfant qui en tape un autre, sans conflit préalable, semble simplement vouloir entrer en contact avec lui ! Cela vous paraît peut-être farfelu, et pourtant … L’enfant ne sait pas encore comment entrer en relation et il cherche l’attention, la réaction, parfois simplement le regard. Le jeune enfant ne connaît pas encore les codes de “conduite” en société et agit malheureusement avec les moyens du bords… !

La période entre 1 et 2 ans est une période “d’ouverture” à l’autre en terme de développement, cela signifie que l’autre l’intéresse et qu’il n’est plus (temporairement) uniquement auto-centré.


De plus, l’enfant n’a pas encore assimilé la notion de cause à effet. Il ne comprend pas alors tout à fait le fait le lien entre la tape qu’il a donnée et la réaction de l’autre. Enfin, l’empathie, autrement dit la capacité à comprendre les émotions de l’autre, n’est pas non plus acquise. Il ne saisit donc pas la douleur que peut ressentir l’autre, le cas échéant. C’est à nous de lui expliquer ces notions qu’il intégrera progressivement.


Ce que nous pouvons faire : Nous pouvons lui proposer d’autres façons d’entrer en contact avec l’autre : “Tu peux lui apporter un jouet, ou son doudou. Tu peux le regarder ou lui caresser la tête s’il veut bien”. Lui proposer d’autres alternatives qui peuvent être acceptables (vous pouvez également lui montrer comment il peut faire) va aider l’enfant à mettre en place d’autres comportements avec ses pairs.

5- Son réservoir affectif est vide


Le réservoir affectif, qu’est-ce que c’est? C’est le cœur qui se remplit à chaque fois que l’on nous adresse des marques d’affection, de l’écoute, de la disponibilité, à chaque fois que l’on se sent important. Ce réservoir nous permet de surmonter les petites épreuves du quotidien, telles que l’absence de l’être aimé, des situations de conflit (vous savez, les disputes qui nous font mal au coeur!), la non-écoute… Tout le monde a son petit réservoir affectif dans le coeur, l’enfant également !


Lorsque le réservoir affectif de l’enfant est vide, celui-ci peut avoir besoin de contact avec son parent, mais le lui démontre de façon maladroite. En fin de journée, au départ de la crèche ou de l’école, votre enfant ne vous a-t-il jamais tapé alors que vous veniez seulement de le retrouver? Nous nous disons alors qu’il nous attaque, que la soirée va être difficile… Seulement si nous laissons l’enfant avec son réservoir vide !


Ce que nous pouvons faire : Lui poser la première question : As-tu besoin d’un câlin? (Cette question m’a évité un certain nombre de conflit) ; Ou si votre enfant “n’est pas” câlin, demandez lui simplement ce dont il a besoin. Ensuite, vous prenez du temps pour remplir son réservoir affectif ! Ce ne sera que du temps de gagner pour la suite ! Pour cela, vous pouvez passer du temps avec lui en étant 100 % disponible, faire une activité (lire une histoire, rire ensemble, faire une bataille de coussin…), l’écouter s’il veut s’exprimer, ou simplement avoir des contacts physiques, comme un câlin, un bisou, une caresse… que s’il est en accord bien sûr !


Ayez à l’esprit que lorsque vous remplissez le réservoir affectif de votre enfant, il y a de fortes chances pour que vous remplissiez également le vôtre en même temps !

6- Il pense que c’est un moyen de communiquer


Aujourd’hui, la violence éducative ordinaire, et notamment les violences corporelles, peuvent être encore utilisées comme pratiques éducatives. Je n’animerai pas de débat sur ce sujet à travers cet article, je tiens seulement à exposer le fait que l’enfant est dans l’imitation de l’adulte (et encore plus de ses parents qui sont un modèle pour lui). C’est pourquoi, lorsqu’un enfant reçoit des tapes, il peut penser que c’est un mode de communication comme un autre, en considérant que l’amour se démontre de cette façon. Malheureusement, cette vision de l’amour est biaisée.


Ce que nous pouvons faire : Tout simplement, éviter que cela ne se produise. Bien d’autres méthodes éducatives existent pour éviter d’avoir recours à la violence. Néanmoins, il est vrai qu’il est difficile pour les personnes qui ont connu cela de sortir de ce schéma-là. C’est pourquoi, ne soyez pas trop dur avec vous-même, car si vous lisez cet article, c’est que vous vous posez déjà des questions quant à la façon d’éduquer votre enfant. Sortir des réflexes éducatifs qui nous viennent de nos parents suppose un travail sur soi, alors il n’est jamais trop tard !

7- Il est fatigué ou a faim


N’avez-vous jamais été irritable voire exécrable lorsque vous aviez faim, ou plus souvent, étiez fatigué ? Rien d’étonnant si je vous dis que pour l’enfant c’est exactement pareil… Le sommeil et la faim font partie des besoins vitaux à satisfaire en premier. S’ils ne le sont pas, le corps est en tension, et l’enfant ressent un mal-être dans son corps.


Ce que nous pouvons faire : Répondre à son besoin le plus rapidement possible !

En conclusion, force est de constater que ces sept raisons pouvant pousser l’enfant à avoir des gestes violents nous permettent déjà de prendre du recul sur l’interprétation que nous avons de ces gestes. Mais attention ! La liste n’est pas exhaustive ! L’important est d’avoir en tête que ceci ne relève pas d’une attaque personnelle envers nous… Essayons d’aller au delà et de comprendre ce que veut nous dire l’enfant à ce moment ! Ceci n’est pas chose facile, mais avec de l’entraînement, rien d’impossible !


Rappelons nous que l’enfant nous donnera toujours des occasions pour nous améliorer



Anne-Claire BROSSET – À Cœur Bienveillant


Anne-Claire collabore à ce blog avec quelques articles, pour plus d'nfos

: a-coeur-bienveillant.fr

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