Pour la plupart d’entre nous, nous pensons savoir communiquer, hors au quotidien nous voyons bien que quelque chose bloque et que le mode d’emploi s’est souvent perdu quelque part ^^
Nous avons appris à parler oui mais pas forcément à communiquer. La communication est vraiment quelque chose qui s’apprend et surtout qui se pratique ! Certain.e.s seront plus à l’aise que d’autres mais une fois avec les clés en mains vous n’aurez plus d’excuses ;)
Nous sommes donc pratiquement tous débutant.es en matière de communication et nous faisons donc quelques erreurs.
Je vais vous détailler lesquelles, vous expliquer pourquoi ça ne fonctionne pas et vous proposer une (ou des) solution(s).
1) Donner des conseils
Mise en situation : Vous avez mal dormi, votre enfant s’est réveillé plusieurs fois à cause d’un rhume et a fini dans votre lit, votre conjoint.e a ronflé et vous avez du vous lever tôt car vous aviez une réunion (la totale ^^). Arrivé.e au travail vous croisez votre collègue qui vous demande si ça va vu votre tête et vous lui racontez. Et là elle/il se met à vous dire qu’il serait bien que votre enfant ne dorme pas avec vous que du coup ça vous fatigue, qu’il faudrait peut-être l’amener chez le médecin ou encore penser à consulter pour les ronflements.
Quelle serai votre réaction ? Personnellement dans ces cas-là j’ai plus besoin d’empathie, de compréhension et de soutien plutôt que de conseils mal venus et non demandés, qu’en pensez-vous ?
Pour les enfants/ados c’est pareil, ce dont ils ont besoin c’est de votre écoute, pas de vos conseils. Donner des conseils infantilise et ne responsabilise pas. Cela vous place en position de « sauveur » (voir le triangle de Karpman).
Cela ne favorise pas l’estime de soi et met l’enfant dans une position où il s’attendra régulièrement à ce que vous résolviez ses problèmes, ce qui n’est pas notre rôle. Nous sommes là pour les guider et les amener à trouver eux même leurs solutions, en les aiguillant.
Subtilité : avec vos ados (et même vos enfants), même s’ils vous demandent clairement votre avis/un conseil, prenez toujours le temps de leur retourner la question. C’est souvent une demande déguisée. En leur retournant la question, « et toi, qu’est-ce que tu en penses ? Tu as envie de faire quoi ? Par quoi tu pourrais commencer ? » Vous faites appel à leurs ressources propres, à leur raisonnement et à leur esprit de déduction/initiative. Cela renforce leur estime d’eux même et ils seront fiers d’avoir eux-mêmes trouvé la solution. Leur donner systématiquement un conseil/une réponse les mets dans une position qui ne favorise absolument pas leur autonomie.
A vous de sonder votre enfant dans un 1er temps pour voir s’il peut/veut vraiment un conseil ou juste une aide.
2) Nier ses sentiments/ressentis
J’avoue que pour cette partie j’ai 5000 exemples en tête mais 2 suffiront pour vous expliquer :P
Version enfant : C’est l’hiver, il fait plutôt frais dehors selon votre ressenti et vous décidez de sortir au parc avec votre 4 ans. Vous vous habillez, manteau, écharpe et bonnet et faites de même avec votre enfant (ou il le fait seul). Une fois dehors, il enlève son bonnet et vous dis qu’il a chaud. Vous, vous avez froid et vous lui demandez de garder son bonnet.
Vous : « il fait froid tu gardes ton bonnet ! »
Lui/elle : « mais j’ai chaud ! »
Vous : « il fait froid, c’est l’hiver, gardes ton bonnet ou tu vas attraper un rhume. Regarde moi aussi j’ai mon bonnet »
Il/elle s’énerve et la sortie tourne court.
Je vous invite à vous mettre à sa place. Si vous, vous aviez chaud et que quelqu’un.e vous obligeait à garder votre pull par exemple ça serai très désagréable. Ici vous vous basez sur un ressenti personnel et vous estimez qu’il en est de même pour votre enfant. Hors nous et nos enfants sommes différents et ne ressentons pas les choses de la même manière. Certain.e.s sont plus frileux que d’autres. Par exemple ici, mes enfants ont systématiquement une couche de moins que moi car ils ont chaud et moi je suis frileuse ^^ L’obliger à garder son pull sous prétexte que vous avez froid est complètement aberrant.
Le message qui passe c’est qu’il ne peut donc pas avoir confiance en ses ressenti/sentiments et qu’il doit se fier aux autres.
Subtilité : Par contre, il est nécessaire de vérifier qu’il a réellement chaud et ce régulièrement dans le cas où il/elle est à un âge où la notion de chaud/froid n’est pas encore complètement acquise. Vous pouvez lui dire de garder son bonnet (en vérifiant qu’il/elle n’ait pas trop chaud) et en lui donnant des explications non basées sur votre ressenti mais sur un fait avéré. Par exemple, « lorsque tes oreilles sont froides c’est qu’il faut garder/remettre ton bonnet ».
Version Ado : votre ado a écrit une dissertation la semaine dernière pour son devoir de français, il a trouvé ça difficile mais il/elle est plutôt fier.e. Aujourd’hui son/sa professeur a prévu de rendre les copies.
Ce soir il/elle rentre la mine triste, déçu.e et plutôt en colère. Vous tentez de comprendre et il/elle vous explique qu’il/elle a eu une mauvaise note et qu’il/elle est bouleversé car il/elle a fait des efforts et que ça n’a pas payé.
Voici votre réaction : « oh mais ce n’est pas grave, tu feras mieux la prochaine fois. Il n’y a pas de raison d’être autant bouleversé.e, ce n’est qu’une note, ça ne reflète pas ton travail sur l’année. Allez remets toi et souris, je préfère te voir sourire qu’en colère ou triste. »
A votre avis, que peut ressentir votre ado à ce moment-là ? Probablement que vous ne comprenez pas ce qu’il/elle ressent, ou que ce qu’il/elle ressent n’a pas d’importance et par extension qu’il/elle n’a pas d’importance.
Il va s’agir dans ces situations d’utiliser une clé de communication qui fonctionne à tous les coups : l’écoute active.
Accueillir les sentiments tels qu’ils sont sans jugement, sans nos peurs/projections.
Voici ce que ça pourrait donner :
« Oh il me semble que tu ressent de la tristesse et de la colère, non ? »
« Oui j’ai eu une mauvaise note à ma dissertation alors que j’avais beaucoup travaillé dessus ! C’est vraiment injuste. »
« Tu as l’impression que cette note ne reflète pas tes efforts et tu es en colère contre ta/ton prof »
« Oui, j’avais fait des recherches et ça ne sert à rien ! »
« Cette note te semble injuste et ça ne te donne pas envie de fournir d’autres efforts, n’est-ce pas ? »
« Carrément ! Bon je vais gouter ça ira mieux demain »
Votre enfant (et par extension tout le monde) a besoin de sentir que ce qu’il ressent est juste, vrai et que vous le comprenez. Pour vous aider, agissez comme un miroir, vous lui reflétez ce qu’il ressent. Mettez-vous à sa place et soyez dans l’écoute pas dans le jugement ;)
Je conviens que l’écoute active peut être difficile au début et ça demande de la pratique. Cela peut même sembler pas naturel mais je vous assure que ça fonctionne aussi bien pour les enfants que pour les adultes ;)
3) Faire la morale/réponse philosophique
Mise en situation : Après plusieurs années de mésentente avec votre mari/femme vous avez décidé de divorcer. Même si c’est d’un commun accord cela vous rends à la fois triste et anxieux.se, une page de votre vie se tourne et il va falloir organiser la garde des enfants, trouver un nouvel endroit ou vivre etc. Vous en parlez à votre ami pour avoir du soutien et voici ce qu’il/elle vous répond : « ha oui ? C’est vrai que ça faisait longtemps que ce n’était plus au beau fixe. C’est la vie, parfois on s’aime pour toute la vie et parfois on se sépare. Du temps de nos parents on ne pouvait pas divorcer alors je suppose que c’est mieux maintenant ». (oui oui ce genre d’ami.e existe ^^)
Quelle serai votre réaction/vos sentiments ? Probablement que vous vous sentiriez incompris.e et probablement stupide aussi d’avoir voulu du soutien.
Pour vos enfants, c’est pareil, ils n’attendent pas de leçons de morale/de vie sur ce qu’ils vivent. Ils attendent comme toujours écoute et compréhension.
A nouveau on dégaine l’arme fatale : l’écoute active !
4) Poser des questions
Mise en situation : Votre enfant/ado revient de l’école agacé.e, et vous comprenez à demi-mot qu’il/elle s’est faché.e avec son/sa meilleur.e ami.e.
Votre réaction : « tu as fait quelque chose qui lui a déplu ? Elle/il t’a fait quelque chose ? Pourtant ça allait bien hier vous aviez passé une bonne journée, non ? Tu en as parlé à la maitresse/au maitre ? » … ponctué brièvement par des réponses (ou pas) de votre enfant.
Avouez que nos ami.e.s qui font pareil c’est agaçant ^^
Poser des questions centre le message sur la situation et non sur l’émotion. L’enfant ne comprends pas du tout ou vous voulez en venir, cela le laisse perplexe (« mais pourquoi elle me pose toutes ses questions ?? ») et peut même l’agacer.
Dans ces moments, comme régulièrement, l’enfant a besoin que vous vous centrez sur lui, sur ce qu’il a ressenti, son émotion. Il a besoin d’écoute, d’empathie. Souvent l’enfant vous raconte spontanément l’histoire lorsqu’il a eu de l’écoute ;)
Voici un exemple de conversation avec de l’écoute :
« Bonjour mon chéri, je vois que tu as l’air fâché/agacé, c’est ça ? »
« Non je suis en colère ! »
« Ah oui d’accord, tu as l’air très en colère en effet »
« Tu veux me raconter ? »
« Non »
« Ok, je serai à la cuisine/dans le salon, si tu as besoin »
Ou encore :
« Bonjour mon chéri, je vois que tu as l’air fâché/agacé, c’est ça ? »
« Non je suis en colère ! »
« Ah oui d’accord, tu as l’air très en colère en effet »
« Oui, Jérôme n’a pas voulu jouer avec moi cet après-midi car il m’a dit que je lui avais volé un stylo et c’est même pas vrai ! Je ne veux plus jamais lui parler ! »
« Mmh je vois… » « Tu as dû être triste et étonné qu’il ne veuille pas jouer avec toi »
« Oui… c’est même pas moi qui lui ai volé son stylo ! »
« Tu sens que cette situation est injuste et tu ressens de la colère c’est ça ? »
« Oui voilà »
Bon ce sont 2 exemples, dans la réalité il pourrait se passer 4 dialogues différents.
En écoute active, on reformule et on demande validation. On peut même se contenter d’écouter en disant « oui je vois » « d’accord ». L’important est d’être là pour de vrai, centré.e, empathique. Le ton, la présence sont importants. L’enfant, suivant l’âge, peut trouver des solutions seul mais il a besoin d’être reconnu, compris, comme nous J
5) Défendre l’autre personne
Je pense que c’est un truc que nous avons tous/toutes au moins fait une fois dans sa vie, se faire l’avocat du diable comme on dit. Personnellement ça m’arrive de le faire encore aujourd’hui, les vieilles habitudes ont la vie dure ^^
On pourrait prendre la situation ou 2 enfants d’une même fratrie se disputent ou notre enfant et son ami.e comme l’exemple plus haut. Dans ce cas nous prendrions la défense de l’autre personne. Cela est plutôt simple de voir à quel point cela n’aide pas l’enfant, il suffit de se mettre à sa place. Quand il vient de nous arriver quelque chose, un conflit avec un.e collègue et qu’en se confiant on s’entend répondre qu’on l’avait bien cherché, que c’est normal, ce n’est pas vraiment ce qui réconforte, n’est-ce pas ? Nous n’avons pas d’avis à donner sur la situation que vis notre enfant, il n’y a pas de bien, de mal, il y a ce que ressent l’enfant. Lui connait la situation, il a besoin qu’on mettre des mots sur ses ressentis et qu’on l’écoute. Prendre la défense de l’autre personne revient également à nier ses ressentis. Nous n’avons pas à donner de jugement, juste à être présent et apporter une oreille attentive.
6) Prendre en pitié
Pour imager, c’est comme si l’autre était dans un trou et que vous sautiez pour le rejoindre. Comment l’aider si vous êtes dans le trou avec lui ?
Si votre enfant est très triste et que vous vous mettez à le prendre en pitié ou à pleurer avec lui, clairement cela ne va pas aider, on est d’accord J
L’enfant n’a pas besoin que vous le compreniez forcément mais que vous respectiez ce qu’il ressent, sans en faire trop.
Une réponse utilisant l’écoute active est la façon la plus respectueuse et bienveillante de communiquer. C’est l’idéal à atteindre. Pour certains c’est plutôt facile car ils sont naturellement empathiques et avec un peu de pratique la communication sera plus aisé.
Pour d’autres, je conçois que cette façon de faire n’est pas naturelle car ils ne l’ont pas apprise et cela va demander du temps, de la pratique et de la patience. Parfois (souvent) un travail personnel sur nous est nécessaire car notre bagage éducationnel, émotionnel, environnemental est là et que celui-ci nous empêche ce genre de communication.
Mettre de la conscience là-dessus c’est un premier pas pour modifier nos façons de faire avec nos enfants. Les enfants sont des miroirs et quand on met le pied dans une nouvelle parentalité on met aussi le pied dans notre développement personnel, pour moi l’un ne vas pas sans l’autre.
L’éducation consciente nous pousse, au travers de nos enfants, à aller chercher nos blocages et nos limitations et à les transmuter.
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